L'année 2007 avait été marquée par le « Grenelle de l’Environnement », opération ayant un but évident de pacification sociale sur le front environnemental. Au delà du vieux coup de l’union sacrée, cette opération pourrait bien n’être qu’une étape dans un plus vaste projet visant à créer une ONUE (Organisation des nations unies pour l’environnement) et instaurer une « gouvernance écologique mondiale ».
C’est que la crise écologique est aujourd’hui arrivée à un point où les tenants de l’État et du capital ne peuvent plus la nier comme ils pouvaient encore le faire il n’y a pas si longtemps. L’imposture de l’abondance capitaliste, qui s’édifie sur la dévastation de la planète et de ses ressources, et sur l’oppression d’une grande partie de l’humanité, pourrait bien se trouver démasquée aux yeux de ceux et celles qui y croient encore. Pour éviter une désillusion générale potentiellement déstabilisatrice pour le système, les discours écologistes sont donc repris et adaptés à ses besoins, ce qui explique la vogue actuelle du développement durable dans toutes ses variantes, qui passe d’autant plus facilement que les mouvements écologistes ont toujours eu un versant réformiste s’accommodant bien d’un capitalisme « écoresponsable ».
Alors un Grenelle pavé de bonnes intentions ???
Le « Grenelle de l’environnement », décrit par Borloo comme une « machine de guerre » (contre qui ?), regroupe outre l’État, des syndicats, entreprises, associations écologistes et collectivités locales. Les neuf associations présentes sont l’inévitable Fondation Nicolas Hulot, ainsi que France Nature Environnement, WWF, le ROC, la LPO, Greenpeace, les Amis de la Terre, le Réseau Action Climat et Écologie sans frontière (les quatre dernières sont regroupées dans « l’Alliance pour la planète »). La Confédération Paysanne est présente dans une représentation patronale. Des associations prenant part au Grenelle font une communication parallèle (legrenelleenvironnement.fr, legrenelle.lalliance.fr, etc.) où sont exprimées de nombreuses récriminations par rapport à l’organisation des débats, au choix des sujets, etc. Par exemple, elles jugent scandaleux le récent rapport de l’Académie de médecine sur les causes du cancer. Un Contre-Grenelle est organisé par Casseurs de Pub (contre-grenelle.org). Six groupes ont travaillé depuis juin sur « le climat, la biodiversité et les ressources naturelles, la santé, la production et la consommation durables, les institutions, les modes de développement écologiques ». Deux groupes « transversaux » ont été créés in extremis cet été sur les OGM et les déchets. Autour de la table on ne trouvera notamment pas la CRIIRAD ou Sortir du Nucléaire... tout simplement parce que le nucléaire n’est même pas au programme des discussions ! Pas d’évocation non plus de la société de consommation et de la publicité ou du militaire : toutes ces activités n’auraient-elles aucun lien avec l’état de l’environnement ?? On a pu apprécier récemment les effets d’annonce flous du gouvernement concernant une hypothétique interdiction des OGM, qui permettent entre autres de ne pas attirer l’attention sur les absences d’accord et donc de mesures proposées, par exemple sur les pesticides. Le tout-routier n’est pas non plus remis en cause : des taxes sur la voiture sont proposées, mais les travaux des nouvelles autoroutes ne ralentissent pas. Il n’y a pas de groupe spécifique sur l’eau. Face à des protestations à ce propos, un groupe de contact s’est créée « spontanément » fin juillet 2007, qui regroupe le PDG de Lyonnaise des eaux France et président de la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (Véolia, Suez, Saur...), le directeur d’une agence de l’eau, le président d’une chambre d’agriculture et le président d’honneur de FNE, qui ont travaillé à partir de la fiche directive cadre sur l’eau du... MEDEF ! Globalement ce qui ressort de cette « super consultation » c’est un ensemble de mesurettes plutôt qu’un changement radical de donne !
C'était en 2007 !!! Aujourd'hui où en est-on ?