Avec plus de 66 titres et un taux de pénétration de l’ordre de 35,8%, la presse quotidienne régionale est , aujourd’hui encore , l’organe de presse papier français le plus lu à l’heure où le journalisme traverse une crise sans précédant. Considérée comme une valeur sure par les investisseurs, la PQR n’en reste pas moins touchée par l’arrivée des nouveaux médias, tels la firme gratuite "Ville plus" qui concurrence l’implantation locale des quotidiens régionaux. Ces derniers connaissent ainsi une baisse non négligeable de leur diffusion, en chute de 700 000 exemplaires sur les dix derniers années. Les ventes ont quand à elles regréssées de 10%. Si l’on se base sur une plus grande échelle, le constat est frappant : contre 175 quotidiens régionaux en 1946, il n’en reste plus que 56 à l’heure actuelle.
Reste qu’en dépit de cette saignée, la PQR reste très prisée par les investisseurs, qui sont nombreux ces dernières années à s’être lancés dans l’aventure. On compte ainsi 20 reprises en main ces trois dernières années. La raison de cette attractivité ? La rentabilité des quotidiens régionaux, un aspect non négligeable face à une presse nationale moribonde sur le plan financier. La PQR a en effet su palier la défection de son lectorat par une revalorisation de ses revenus publicitaires, en hausse de 36% sur dix ans. La PQR constitue effectivement une vitrine de choix pour les annonceurs, tant elle possède un lectorat diverse et varié. Du retraité sexagénaire au jeune entrepreneur en passant par le chef d’entreprise, la PQR touche l’ensemble de la population. Une étude de la SPQR révèle ainsi que le taux de pénétration de la PQR chez les PDG et gérants d’entreprise est de 46,8%, soit un taux supérieur à la moyenne nationale. Aujourd’hui, la presse quotidienne régionale a pris conscience de l’importance de la publicité face à la crise de la presse écrite et a fondé une régie publicitaire commune à l’ensemble des quotidiens régionaux (Com Quotidiens) de façon que les recettes publicitaires représentent 41% du chiffre d’affaire de la PQR.
Mais la menace à terme pour la presse quotidienne régionale, c’est l’émergence des quotidiens gratuits qui concurrencent désormais l’approche locale de la PQR. En première ligne, le réseau Ville Plus émet des gratuits comportant un cahier régional et un cahier national dans plusieurs grandes localités telles que Paris, Lyon, Bordeaux, Lille, Marseille et la Bretagne. Face à cette concurrence, les quotidiens régionaux tendent au rassemblement dans de grands groupes régionaux, à l’image du groupe Ouest-France en possession de 5 quotidiens bretons d’influence. Le groupe France-Est Médias rassemble ainsi sous sa direction quelques 10 quotidiens, du Dauphine Libéré aux Dernières Nouvelles d’Alsace en passant par l’Est Républicain. Idem dans le sud de la France où Hachette est en possession de Var-Matin, Nice-Matin et la Provence.
En conclusion, face à la crise de la presse écrite, la PQR parvient à palier la défection de son lectorat par des revenus publicitaires en hausse, témoignant de la diversité de son lectorat. Quand à l’émergence des gratuits, qui concurrencent l’approche locale de nombre de quotidiens régionaux, elle a incité les différentes rédactions à se rassembler dans de grands pôles de PQR, laissant ainsi envisager la disparition prochaine de titres mineurs au profit de grands quotidiens régionaux couvrant un territoire relativement éparse.
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